Résumés des interventions

Happy Claws for Happy Cows : adapter son parage aux différents sols

Evgenij Telezhenko, Enseignant chercheur à l’Université suédoise agricole
Evgenij Telezhenko

Les boiteries, associées aux lésions sur les sabots entraînent un certain nombre de pertes économiques telles qu’une baisse de production, une augmentation de la main d'œuvre et des coûts vétérinaires, une fertilité altérée, la réforme voire la mort. Le parage régulier des sabots est la pierre angulaire d’une gestion efficace de la santé des pieds des bovins, car il permet une détection et un traitement précoces ainsi qu’une prévention des lésions. Les principes standards du parage des sabots sont restés pratiquement inchangés depuis 40 ans et il est nécessaire de les adapter aux animaux et aux systèmes de logement d'aujourd'hui.

Pour étudier en profondeur la biomécanique du sabot bovin et évaluer les conséquences fonctionnelles de différents aspects du parage des sabots, notre équipe du Département des biosystèmes et de la technologie (Université suédoise des sciences agricoles) réalise des études avec un nouveau modèle biomécanique ex-vivo de sabot de bovin. Ce modèle utilise des pieds morts de vaches laitières adultes, avec des capteurs de pression ultrafins insérés dans la sole, permettant de contrôler la charge verticale et la traction des tendons, imitant ainsi une situation de charge proche de la réalité. Cet équipement permet, pour la première fois, de montrer d’une part l'effet de différentes méthodes de taille des sabots et d’autre part l’effet de différents revêtements de sol sur la répartition des forces à l'intérieur du sabot. Nous étudions l’impact de différentes approches de parage des sabots sur la répartition de la pression et de la charge en fonctions des différentes surfaces. Enfin, nous étudions les effets biomécaniques de différents défauts de parage tels que l'enlèvement excessif de la paroi, du talon et/ou de la corne du sabot.

Mon intervention lors des Rencontres Bov’idées portera notamment sur ces différentes études et les observations que nous avons pu faire.

Dans l’ensemble, le parage régulier des sabots est une pratique de gestion essentielle qui peut contribuer de manière significative à la prévention des lésions des onglons et des boiteries chez les bovins. Un bon parage des sabots est un levier important pour améliorer le bien-être animal, conduisant à une meilleure santé globale du troupeau et à une meilleure économie agricole.

Les outils de demain pour une meilleure détection des boiteries

William Davy – vétérinaire pédicure et formateur à l’Université de Ghent - Belgique
William DAVY

Nous explorerons l'évolution des méthodes de détection des boiteries dans les élevages laitiers, en mettant l'accent sur l'importance cruciale de la détection précoce pour le bien-être des animaux et la santé globale des troupeaux laitiers. Nous commencerons par examiner les outils actuellement utilisés, tels que l'observation visuelle humaine, l'imagerie thermique, l'analyse de la démarche, les capteurs d'activité sous forme de dispositifs portables, ainsi que les caméras équipées d'algorithmes d'intelligence artificielle et d'apprentissage automatique.

Cependant, malgré ces avancées, nous constatons encore des limites importantes dans la détection précoce des boiteries, notamment en raison de la sous-estimation de la gravité de la boiterie, du manque de temps ou de personnel qualifié disponible sur les exploitations laitières.

C'est ici que les nouveaux outils et technologies entrent en jeu. Au cours des deux dernières décennies, plusieurs techniques et technologies novatrices ont été développées pour améliorer la détection des boiteries. Parmi celles-ci, les modèles d'intelligence artificielle et d'apprentissage automatique ont donné un nouvel élan à la détection automatisée des boiteries. Des méthodes de détection basées sur l'imagerie thermique ou des caméras commerciales simples ont été développées et validées dans des conditions réelles sur le terrain.

Dans cette présentation, nous passerons en revue ces technologies innovantes et discuterons de leur potentiel pour une mise en œuvre efficace dans nos exploitations laitières. Nous aborderons également les enjeux associés à ces nouvelles technologies, tels que leur fiabilité, leur accessibilité économique et leur intégration dans les pratiques agricoles existantes. En mettant l'accent sur la détection des boiteries en général, nous accorderons une attention particulière à la dermatite, une pathologie courante qui nécessite une détection précoce et un traitement prompt pour minimiser son impact sur le bien-être des animaux.

Mieux maîtriser les produits et leurs risques

Jean-Yves Madec Directeur de recherches Chef d’unité, Anses Lyon / Directeur scientifique de l’axe Antibiorésistance de l’Anses
Jean-Yves MADEC

Plusieurs produits sont utilisés en élevage, tels que les antibiotiques ou les désinfectants. L’usage de ces produits a des conséquences néfastes sur la santé de l’utilisateur, des environnements d’élevage ou même de la population générale. Concernant les antibiotiques, l’effet indésirable est l’émergence de résistances des bactéries à ces médicaments, phénomène appelé antibiorésistance. Une fois antibiorésistantes, les bactéries responsables de maladies ne peuvent plus être détruites car elles résistent à l’action des antibiotiques.  Elles sont également rejetées dans la nature via les excrétions fécales et les effluents, et contaminent l’environnement. Enfin, elles peuvent se transmettre à l’Homme et conduire à des échecs thérapeutiques. Lutter contre l’antibiorésistance est donc une nécessité, et les politiques publiques de lutte contre l’antibiorésistance dans le secteur animal en France (plans Ecoantibio, 2012-2022) ont déjà conduit à des réductions importantes de l’exposition des animaux aux antibiotiques. Toutefois, ces progrès sont différents selon les espèces animales, et la filière bovine est en deçà des deux autres grandes productions (volailles et porcs). Au-delà des antibiotiques, d’autres produits, comme l’acide salicylique ou le formol, sont également utilisés. Ils ne font pas l’objet d’une politique publique aussi apparente que celle sur les antibiotiques, mais des effets néfastes leur sont également attribués.

Jean-Yves Madec fera un point sur la problématique des produits utilisés en élevage bovin et leurs risques, avec un accent particulier sur les antibiotiques en général, et dans le cadre du soin du pied en particulier. Les risques vis-à-vis de l’utilisation d’autres produits sera également abordé. L’objectif général de l’intervention est de sensibiliser les professionnels du pied, les éleveurs et tous les potentiels utilisateurs, à la nécessité d’avoir recours à ces produits que lorsque nécessaire, dans le respect des bonnes modalités d’application, et en ayant conscience des risques associés à ces usages.

Lésions : évolutions et nouveautés

Marc Delacroix, vétérinaire spécialiste des boiteries
Marc DELACROIX

L’identification précise des lésions des onglons des bovins et de leurs niveaux de gravité est une étape fondamentale du diagnostic des boiteries tant au niveau de l’individu (animal)que du troupeau (précision et pertinence du conseil en dépendent). Par ailleurs l’harmonisation de cette identification entre les divers professionnels (pédicures et vétérinaires entre autres) au niveau national et international est essentielle d’autant qu’elle doit combler un certain retard.

Le comité technique national pour les boiteries des bovins (CTNBB) en a fait son premier chantier. Il a actualisé et précisé quelques définitions de façon à diminuer au mieux les biais de notation. Cela concerne surtout l’érosion du talon, la seime longitudinale interne et externe, la nécrose de la pince. Un 4ème niveau de gravité (stade nécrosé) a été créé pour l’ouverture de la ligne blanche, la seime longitudinale interne voire externe, l’ulcère-cerise. La localisation des lésions de dermatite digitale sera désormais enregistrée (Dermatite Digitale plantaire, dorsale, interdigitale, sur ergots, sur pododerme). Enfin de nouvelles lésions ont été introduites : la bleime en ligne blanche, le décollement dorsal de la muraille, et accessoirement pour « coller » à la nomenclature internationale (groupe ICAR) :  la sole fine, l’ulcère du bulbe, les onglons asymétriques, la dermatite interdigitale, le dédoublement de la sole, les onglons en ciseaux, l’enflure de la couronne et du talon.

Le site boiteries des bovins (https://boiteries-des-bovins.fr) a été actualisé en ce sens. Rappelons que ce site a été conçu pour être accessible aux éleveurs. Il appartiendra aux concepteurs de logiciels de notation de les mettre à jour. Une formation appropriée théorique et pratique sur ce sujet, des pédicures bovins et des vétérinaires mériteraient d’être organisée.

Ce travail est une étape importante dans la résolution du problème des boiteries des bovins désormais en première ligne pour les pathologies des vaches laitières, en progression rapide en bovin allaitant et jeunes bovins en engraissement.

L’éthologie au service du parage : adapter son approche au comportement animal

Pauline GARCIA, éleveuse de vaches allaitantes dans le Cantal, experte en bien-être animal, formatrice, auteure, vulgarisatrice sur les réseaux sociaux
Pauline GARCIA

Pauline Garcia proposera une immersion dans une visite de parage. A partir d’une série de courtes vidéos, tournées en amont de la journée lors d’une visite de parage au sein d’une ferme laitière, l’experte en bien-être animal décryptera le comportement et le ressenti du bovin mais aussi des humains gravitant autour de lui (pédicure et éleveur).

Captées à différents moments de la visite du pédicure, les vidéos permettront d’observer et de décoder les perceptions et comportements ainsi que leur évolution, à des instants clés de la visite.

AVANT LE PARAGE : Les perceptions sensorielles et les émotions du bovin pendant l’attente du parage. La disposition de la cage de parage, le comportement du pareur et de l’éleveur.

PENDANT LE PARAGE : Observation de la cage de parage avec un point de vue « Bovin », les perceptions (sens et émotions) de l’animal et le comportement des humains (attitude, actions).

EN SORTIE DE PARAGE : Les perceptions (sens et émotions) du bovin, les comportements des humains, les traces laissées dans la mémoire de la vache lors du parage.

Ces vidéos seront projetées et commentées aux participants lors de la journée Bov’Idée. Elles serviront de support et d’illustration à Pauline Garcia pour apporter des recommandations et des astuces de terrain reproductibles par les pédicures et les éleveurs, pour apporter du mieux-être aux animaux et aux humains.

Un temps d’échange permettra de répondre aux différentes questions et situations rencontrées par les participants.

Régénération cutanée et contrôle des bactéries anaérobies : les clés pour maîtriser les boiteries

Gerwen Lammers, Manager R&D Intracare (Pays-Bas)
Gerwen LAMMERS

La boiterie chez les vaches laitières commence souvent par un affaiblissement de la peau, et les maladies infectieuses des sabots sont ensuite associées à l'implication de bactéries.

La peau joue un rôle important dans la défense contre les agents pathogènes. Elle est constituée d’une couche dermique de tissu conjonctif mou et d’une couche épidermique dense en cellules, principalement composée de kératinocytes. Lorsque la peau est blessée, ses fonctions et sa structure doivent être régénérées au plus vite.

Nous avons étudié différentes solutions et leur capacité à stimuler la réépithélialisation (processus de fermeture de la couche cutanée supérieure de l'épiderme par migration des kératinocytes). Nous avons tout d’abord cultivé des kératinocytes, pour former une couche confluente de cellules sur une surface plastique, et l’avons intentionnellement grattée pour créer un espace (plaie) entre les cellules. Ces surfaces ont été incubées avec un milieu de culture cellulaire contenant différents composés utilisés pour le traitement des sabots, puis étudiées après 24 heures d’incubation. Nous présenterons les résultats obtenus selon les différentes molécules les plus souvent utilisées dans le traitement des sabots.

Notre travail s’est également porté sur les propriétés antimicrobiennes du cuivre chélaté. Nous avons mis en culture cinq bactéries aérobies différentes liées à la peau et aux plaies, ainsi que des bactéries anaérobies souvent rencontrées dans les pathologies du sabot :  Dichelobacter nodosus (associé à la dermatite interdigitale bovine et au piétin ovin) et Fusobacterium necrophorum (associé au phlegmon interdigital bovin et au piétin ovin). Elles ont été ensuite mises en contact avec des concentrations croissantes de cuivre chélaté. La méthode utilisée ainsi que les résultats de ces tests in vitro seront développés lors de la conférence.

Nous avons enfin travaillé, dans des essais cliniques randomisés, sur l’efficacité clinique du cuivre et du zinc chélatés, notamment en comparaison avec des antibiotiques. Les résultats présentés permettront d’apporter une nouvelle lecture sur le bon usage des antibiotiques en élevages.

VENOTIS Hoof Trimmer : l’application de parage conçue par des pédicures pour les pédicures

Bertrand Méline, Responsable marketing des services BU ruminants MSD santé animale et Christophe Cournède, pédicure indépendant
Christophe COURNEDE MELINE

VENOTIS Hoof-Trimmer est une application destinée aux professionnels du pied des bovins et développée pour enregistrer et valoriser leurs interventions en élevage.

Elaborée et validée par des pédicures et vétérinaires spécialisés, elle prend en compte la dernière nomenclature de lecture des lésions validée par le CTNBB (Comité Technique National des Boiteries des Bovins).

Bertrand Méline présentera, lors de la journée des Rencontres Bov’idée du 27 juin 2024, l’application dont l’objectif est d’améliorer et faciliter le suivi de la santé des pieds du cheptel par les pédicures tout en favorisant le partage d’informations et un suivi de qualité avec les éleveurs. Au travers d’une démonstration, il présentera les différentes fonctionnalités de VENOTIS Hoof Trimmer : en amont, lors de la planification de la visite et de la sélection des animaux, pendant la saisie, lors de la visite, en fin de visite, lorsque le pédicure effectue son compte rendu et lorsque l’éleveur accède au suivi qu’il doit réaliser après la visite.

Christophe Cournede, pédicure bovin indépendant, apportera son témoignage de l’utilisation de VENOTIS Hoof Trimmer lors de ses visites de parage. Il a notamment participé aux différents tests des versions bêta de l’application et, par son retour d’expérience, a contribué à certaines évolutions, en vue d’aboutir à une solution la plus adaptée aux professionnels du pied.


En attendant le 27 juin, retrouvez le résumé des 7 interventions des Rencontres Bov'idée dans l'édition spéciale de la lettre Synthèse Elevage. ff

 

Télécharger l'édition spéciale de la Lettre

Présentations en téléchargement

Lésions : évolutions et nouveautés / Marc Delacroix - Vétérinaire spécialiste des boiteries - France

Happy Claws for Happy Cows : Adapter son parage aux différents sols / Evgenij Telezhenko - Enseignant chercheur à l'Université suédoise des Sciences Agricoles - Suède

Mieux maîtriser les produits et leurs risques / Jean-Yves Madec - Directeur scientifique Antibiorésistance de l'ANSES - France

Les outils de demain pour une meilleure détection des boiteries / William Davy - Vétérinaire pédicure et formateur à l'Université de Ghent - Belgique

VENOTIS Hoof Trimmer : l'application de parage conçue par des pédicures pour les pédicures / Bertrand Meline - Responsable marketing des services BU Ruminant & Christophe Cournede - Pédicure indépendant - France

Vous avez uUne question ?